Evan, 35 ans, habite Montpellier et cela fait plus de deux ans (janvier 2016) qu’il a eu sa prothèse ZSI 475 FTM. Il nous a raconté son parcours de phalloplastie et d’implantation par le Dr. Morel-Journel (Lyon) lors des conférences « Les Trans, parlons-en » organisé par l’association Fierté Montpellier-Tignes Pride.
« J’ai commencé mes démarches pour la phalloplastie antébrachiale il y a quatre ans. C’est ce que je voulais depuis le début de ma transition, même si je n’étais pas trop au courant des différents types de prothèse à l’époque. Je savais qu’il y avait beaucoup d’opérations mais je ne pensais pas qu’il y en aurait autant car j’en ai eu huit pour le moment ! J’ai eu une opération imprévue car on a du me remonter le scrotum. J’ai eu quelques soucis post-opératoires mais pas concernant la pose de la prothèse, qui s’est passée sans encombres. Par contre aujourd’hui je me retrouve avec un problème urinaire important. Je me ferai opérer en janvier pour le résoudre.
Concernant le choix de la prothèse, je savais que je préférais l’hydraulique car cela me semblait plus naturel. Le Dr. Morel-Journel m’a présenté les deux modèles ZSI FTM, m’expliquant que la version malléable pouvait être un peu plus visible et gênante dans la vie pratique de tous les jours, comme s’asseoir par exemple. Je ne voulais pas quelque chose qui se voit trop, ça a donc confirmé mon choix de la ZSI 475 FTM.
J’ai attendu 2 ans et demi entre la phalloplastie et la pose de prothèse. Je suis le deuxième patient de Lyon à avoir été implanté d’une prothèse ZSI FTM, le premier avait eu des problèmes post-op, donc j’étais un peu inquiet mais en même temps, il faut bien que certains commencent ! Heureusement tout s’est bien passé.
Mon opération s’est déroulée sous péridurale, j’ai tout entendu mais ce n’était pas dérangeant. Ca a duré moins de deux heures, et j’ai pu rentrer chez moi le lendemain. On m’a implanté la prothèse pénienne et la scrotale en même temps. J’ai eu des douleurs pendant environ un mois et demi dans la position debout, au niveau du scrotum. J’avais des sensations de lourdeur, comme si ça tirait vers le bas. Pour passer la prothèse on a dû défaire ma glanuloplastie, donc je suis en train de chercher des solutions pour redonner un aspect naturel au gland, sans doute par dermo-pigmentation, avec l’équipe de Bordeaux. Elle ne passe pas en acte chirurgical mais en acte esthétique malheureusement, donc ce n’est pas pris en charge.
J’ai attendu un mois pour l’activation, tout s’est bien passé : on m’a expliqué comment la gonfler et la dégonfler et j’ai vite pris le coup de main. Il y a un léger petit bruit au niveau de la pompe lors du gonflage uniquement. Rien de bien gênant. Pour le dégonflage, il faut prendre l’habitude car la pompe peut tourner dans le scrotum. Je trouve le dégonflage plus aisé en position debout mais peut-être que ça dépend de l’anatomie de chacun. Il me semble que la mienne a été posée avec des vis. La prothèse a une longueur parfaitement adaptée à ma phalloplastie, cependant je pense qu’elle est un peu fine… mais c’est comme pour les hommes cisgenres, j’ai ce que j’ai et je ne vais pas me rendre malade pour une histoire de taille! Je sais que ce sujet revient très régulièrement dans les groupes de discussion sur internet : la taille mais surtout la largeur. Cela dépend certainement des techniques du chirurgien pour la phalloplastie, de la zone donneur etc.
Je suis très content du résultat, et de la prothèse elle-même. Ma compagne aussi ! C’est toujours moi qui gonfle la prothèse, mais peut-être que c’est lié à une timidité de ma part dû à mon problème urinaire, je ne suis pas très à l’aise à cause de ces fuites, même si elles n’arrivent pas dans les moments intimes.
Avoir la prothèse a changé l’image de moi-même dans la vie quotidienne. J’ai toujours su que je voulais une phalloplastie, et non pas une métoidioplastie qui ne m’aurait pas donné la sensation d’être entier. Cela n’a rien à voir avec la sexualité sinon avec l’image que j’ai de moi et que je renvoie, aujourd’hui je suis satisfait à part ce problème esthétique du gland, qui est remédiable j’espère.
Il faut se renseigner correctement sur les chirurgiens qu’on choisit, et le Dr. Morel-Journel correspondait au mieux à ce que j’attendais au niveau de la chirurgie, de l’équipe. Aujourd’hui les délais sont de 3 ans avant d’avoir sa chirurgie. Je crois que j’ai eu beaucoup de chance, il ne s’est écoulé que 8 mois entre le 1er RDV pour la chirurgie et l’implantation. Chaque chirurgien a ses techniques de phalloplastie, incision, fixation, etc. On est très exigeants et tatillons mais il faut se rappeler que quoi qu’il en soit on n’aura jamais exactement ce qu’a un homme cis, et surtout que chaque organisme réagit différemment aux opérations. On est tous différents dans la transition.
On a la chance en France de pouvoir être pris en charge pour toutes les opérations, parfois avec des dépassements d’honoraires, mais globalement contrairement à d’autres pays, on peut le faire. Il y a peu de choix pour le moment mais il y a tout de même de bons chirurgiens. Parfois les délais sont si longs que certains prennent les opérations à leur charge et vont à l’étranger, mais cela pose quand même diverses problématiques comme la langue, la proximité du chirurgien, le suivi post-opératoire. Beaucoup de gens qui sont allés à l’étranger reviennent finalement en France pour des corrections ou même juste pour la pose de la prothèse.
Je suis globalement très satisfait, cela améliore ma vie et l’image que j’ai de moi. Je me sens plus légitime aujourd’hui. La prothèse faisait pour moi partie de la démarche normale, je n’envisageais pas de rester avec un pénis sans prothèse. Certains s’en contentent, utilisent des gaines pour phalloplastie, mais pour moi la prothèse était inévitable.
On parle énormément de ZSI sur les réseaux, on s’échange des infos sur les prothèses et les médecins. J’espère qu’il y en aura bientôt plus, pour qu’il n’y ait plus autant d’attente. »
ZSI est le seul fabricant européen de sphincter urinaire artificiel, d’implants péniens malléables et hydrauliques comme solutions à des problématiques urologiques masculines (incontinence), sexuelles (dysfonction érectile), et des procédures de réassignation de genre (prothèses pour personnes transgenres).